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Changement climatique – Une étude nous projette en 2050

Selon une récente étude, 77 % des villes du monde seront touchées par des bouleversements climatiques majeurs d’ici 2050 tandis que 22 % connaîtront probablement un climat qui n’existe pas à l’heure actuelle sur la planète. On apprend dans cette étude sur le changement climatique qu’il fera aussi chaud à Londres en 2050 qu’à Barcelone aujourd’hui…  


changement climatique Gerd Altmann
Photo © Gerd Altmann – Pixabay

Hypothèse : une étude basée sur un scénario optimiste

Les chercheurs du Crowther Lab de l’école polytechnique fédérale de Zurich ont choisi de mener une étude sur le réchauffement climatique en s’appuyant sur un scénario optimiste :

En prenant l’hypothèse que les émissions de dioxyde de carbone se stabilisaient au milieu de notre siècle, ils ont limité la hausse de la température moyenne à 1,4°C. Ils ont également basé leurs analyses sur une vingtaine de variables (précipitations et températures, extrêmes et moyennes) qui a été mise en corrélation avec les données enregistrées entre 1970 et 2000 dans toutes les grandes métropoles.

[Extrait] En utilisant ce scénario optimiste de changement climatique, nous représentons des changements conservateurs des conditions climatiques susceptibles de se produire même si une atténuation substantielle du changement climatique est appliquée


Photo © Klimkin – Pixabay

Objectif : visualiser l’impact du changement climatique de façon plus concrète

Force est de constater que les chiffres des nombreuses études sur le réchauffement climatique publiées jusqu’ici sont alarmants mais restent abstraits. Pas simple pour le grand public de comprendre le changement climatique en données scientifiques et c’est sans doute ce qui explique les échecs de communication sur le sujet… 

[Extrait] De plus en plus de recherches démontrent que la visualisation, c’est-à-dire la capacité de créer une image mentale du problème, est l’approche la plus efficace pour motiver un changement de comportement

Cette nouvelle étude donne un aperçu différent parce que plus concrète grâce à une carte interactive de 520 villes de plus d’un million d’habitants projetées en 2050



« Nous avons voulu aider les gens à visualiser l’impact du changement climatique
dans leur propre ville et dans le cours de leur vie.
Trop abstraits, les rapports sur la question ne parviennent pas à refléter correctement l’urgence.
Il est difficile d’imaginer comment 2°C de plus vont se traduire dans la vie quotidienne »

Jean-François Bastin, l’un des auteurs de cette étude

Résultats : les températures sont “remontées de 1000 km”

Le résultat de cette étude sur le changement climatique montre qu’en 2050 les températures de 77 % de ces villes (essentiellement situées dans l’hémisphère nord) ressembleront à celles relevées en 2019 dans des villes situées à plus de 1000 km au sud (ce qui correspond un déplacement à une vitesse de 20 km par an).

[Extrait] En résumé, au niveau mondial, nous observons un déplacement géographique mondial vers les régions subtropicales, c’est-à-dire vers environ 20 degrés de latitude

Les centres urbains verront leurs températures moyennes augmenter de 3,5°C en été et de 4,7°C en hiver. La situation est encore plus marquée sous les tropiques30 % des villes connaissent de nouvelles conditions climatiques, essentiellement à cause de l’assèchement du climat. Ces régions ne subiront pas d’augmentations aussi importantes de température. En revanche, les chiffres sont plus significatifs du côté des précipitations avec une hausse de 5 % sur les mois humides et une baisse de 14 % sur les mois secs, ce qui aura pour résultat d’aggraver les périodes de sécheresses sévères. 


Photo © Pixabay

[Extrait] Ces tendances mettent en évidence l’extrême vulnérabilité des villes tropicales et subtropicales, dont 30% connaîtront des changements de régimes climatiques totalement inédits, sans aucun analogue existant dans les grandes villes du monde

Des variations de températures et de précipitations sans précédent

Le constat est simple : plus le changement climatique s’accentue, plus on assiste à des conditions extrêmes. Et alors que l’on pouvait voir ces phénomènes tous les 100 ans auparavant, ils deviendront de plus en plus fréquents.

Jusque là rien de nouveau. On entend ce discours depuis des années… Mais cette étude a le mérite de concrétiser ces hypothèses.  Ainsi, on apprend entre autre que le climat de Seattle se rapprochera de celui de San Francisco, Moscou ressemblera à Sofia, Madrid à Marrakech, Buenos Aires à Sydney ou encore San Francisco à Lisbonne.



Pour exemple, en 2050, Londres enregistrera une hausse moyenne annuelle de 2,1°C (+ 5,9°C en été et + 3°C en hiver). Avec des étés plus longs et plus chauds et des hivers plus doux, Londres enregistrera des températures comparables à celles de Barcelone actuellement. La capitale anglaise pourrait connaître le même épisode de pénurie d’eau qu’a connu Barcelone il y a 10 ans.

Selon Jean-François Bastin, il serait même possible qu’en 2060 le mercure ne passera plus en dessous de zéro en Belgique.

Autre exemple, le climat de Zurich sera identique à celui de Milan aujourd’hui : la ville connaîtra une hausse annuelle de température de 2,2°C (+ 5,6°C en été et 4,3°C en hiver). Berlin obtient des résultats encore plus spectaculaires avec une augmentation de 6,1°C en plein été correspondant aux températures de Canberra au sud de l’Australie (à plus de 16 000 kms de là).

Et pour finir, 4 grandes villes tropicales (Kuala Lumpur, Yangoon, Jakarta et Singapour) subiront de plus en plus d’événements météorologiques extrêmes oscillant entre inondations et épisodes de grande sécheresse.

Et si cette étude sur le changement climatique changeait le monde demain ?

Nous ne sommes absolument pas préparés à affronter un tel changement climatique. Cette étude est une première, la première analyse mondiale de l’évolution du climat dans les grandes villes du monde. Aux décideurs de tous niveaux maintenant de s’appuyer sur ces résultats pour y voir des raisons sérieuses d’engager des changements dans leurs villes, leurs pays. Et, pour tout un chacun, c’est un support qui permet d’évaluer les politiques environnementales proposées.


Photo © Pixabay

[Extrait] L’ampleur et la cohérence de ces schémas rappellent de manière frappante l’ampleur mondiale de cette menace du changement climatique et des risques associés pour la santé humaine

À suivre…

Retrouvez l’étude complète (EN) sur le changement climatique d’ici 2050 sur la revue PLOS ONE

Source : Revue scientifique Plos One

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