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Exploration de lacs d’altitude vierges en Tchétchénie

Les plongeurs d’Odysseus 3.1 ne sont pas les seuls à organiser des expéditions dans des lieux inexplorés et en conditions extrêmes. C’est toujours un plaisir de découvrir des initiatives comme cette expérience vécue par des plongeurs du club belge Divemonkey au coeur de la région montagneuse du Caucase. Retour en août 2019, quatre hommes et une femme partent explorer les lacs d’altitude de Tchétchénie jusque-là inexplorés. Une aventure hors du commun qui a nécessité six mois de préparation et un dispositif sur place hors norme


lacs d'altitude Tchétchénie
Lac Kezenoy-am – République Tchétchéne

Deux lacs d’altitude jamais encore explorés

En Tchétchénie, les lacs Kézénoï-Am et Galantchoj-Am sont deux lacs d’altitude vierges de toute exploration humaine. Il faut 4 heures de trajet pour atteindre la frontière entre le Daghestan et la Tchétchénie et atteindre le premier lac : le Kézénoï-Am , à 1870 mètres d’altitude, présente une surface de 2,4 km². Puis soixante kilomètres plus loin, on atteint le lac Galaynchoj-Am, plus petit, avec une surface de 0,12 Km².


lacs d'altitude Tchétchénie
Lac Galantchoj-Am – République Tchétchéne – Photo © DR

Une expédition en conditions extrêmes

La route vers ces lacs d’altitude se fait dans des conditions extrêmes avec des dizaines de kilomètres de pistes de montagne étroites et serpentées au milieu d’un paysage magnifique et préservé. Des conditions rendues également difficiles par la situation géopolitique de la région : l’expédition a nécessité de nombreuses autorisations et une collaboration étroite avec les autorités locales. L’équipe sera même escortée par les forces spéciales tchétchènes pour leur sécurité, l’un des dangers étant notamment la présence d’ours.

Deux objectifs : cartographier et observer

L’idée d’explorer ces lacs est inspirée par Aslanbek, plongeur du club liégeois Divemonkey. D’origine tchétchène, il évoque souvent son pays et ses lacs inexplorés et il n’en faut pas plus à Jérémy Ransy, directeur du club et chef de l’expédition, pour lancer le projet avec un double objectif : dresser une cartographie des lieux et collecter des données scientifiques. S’en suit une lourde et longue préparation (6 mois) en vue d’une plongée en altitude exigeant des compétences pointues et une organisation au cordeau.


Photo © DiveMonkey

6 mois de préparation et une logistique compliquée

La logistique de cette expédition est également un casse tête. Impossible de partir depuis la Belgique avec le matériel lourd, le matériel de plongée étant à lui seul déjà bien assez imposant ( 60Kg chacun). Le compresseur a donc été livré par un fournisseur de Moscou, des bouteilles et de l’équipement viennent de Saint Petersbourg tandis que l’hélium et l’oxygène par de gaziers russes. C’est ainsi 1,5 tonne de matériel qui est déposée sur le camp.


Vidéo de l’expédition

Plongée en altitude en toute sécurité

La mise en sécurité de l’expédition est pointue avec la présence de pompiers, d’ambulances, de médecins, prêts à évacuer des accidentés vers des caissons de décompression dont le plus proche est à Naltchik. Un plan d’urgence est également prévu en collaboration avec le ministère russe. Mais toutes les précautions sont prises en amont : l’équipe concocte ses propres mélanges gazeux (hélium/oxygène) correspondant aux différentes profondeurs pour permettre une meilleure décompression.

En altitude, la remontée et les paliers de décompression sont plus compliqués

Jérémy Ransy

Autre spécificité de la plongée en altitude : après chaque expédition, une plage de repos de 24 heures est nécessaire pour la sécurité des plongeurs : la décompression est quelque peu modifiée avec la pression atmosphérique plus basse des sommets. C’est l’occasion pour l’équipe de s’immerger avec bonheur dans la population locale, ses légendes et ses rites.


Photo © DiveMonkey

Découverte d’une faune et d’une flore unique

Les plongées durent pour certaines près de 4 heures. Les plongeurs s’aident de scooters marins pour aller d’un point à un autre en limitant la fatigue. Ce sont des engins motorisés qui tirent les plongeurs pour leur permettre de parcourir une très longue distance sans avoir besoin de palmer. L’intégralité des deux lacs est cartographiée et la biodiversité observée. La profondeur maximale est enregistrée : 75 mètres pour le lac Kézénoï-Am et 35 mètres pour le Galantchoj-Am. Les plongeurs découvrent une faune et une flore incroyable, seulement 1% des lacs dans le monde présentent une telle biodiversité !

Une expérience à découvrir sur Divemonkey

Comme tout passionné, Jérémy Ransy travaille déjà sur un prochain projet d’expédition qui devrait voir sa concrétisation fin 2021.

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